Montag, 11. August 2014

RENOIR - ET LE SENTIMENT DE L'UNIVERSEL

AUGUSTE RENOIR 1841-1919 LES GRANDS BOULEVARDS Peint en 1875

RENOIR
ET LE SENTIMENT DE L'UNIVERSEL
Renoir retrouvé les relations unissaient qui l'homme et la nature au Paradis Terrestre, cette union sans différence de tous les êtres que ne divisent ni règnes ni règnes ni espèces, car ils vivent associes sous un même sceptre, celui de l'Amour. Un peintre français devait chanter cet épithalame de l'homme et du monde dans la pureté de leur rapport originel. Toujours I´âme française s'set sentie en accord étroit avec la nature. Au cours d´une séculaire tradition, cette harmonie s'était manifestée sous une forme humaniste. Il était réserve a Renoir de la célébrer sur le mode panthéiste. D'Autres avant lui, Breughel, le Rubens du Steen, Constable avaient senti cette circulation intense d'un fluide commun a tous les êtres de la nature ; mais à cette joie toujours se mêlait quelque angoisse, comme un sentiment d'oppression de cette immensité du monde, soudain dévoilée, éprouvée intérieurement. Au lieu qu'en Renoir cette joie s'épanouit sans réserve, totale, innocente et comme nuptiale.
Entre le Moulin de la Galette et Jugement de Paris quelle admirable gradation de la joie, ressentie d'abord comme une émotion humaine, devenant peu à peu force créatrice, grandiose expression de la vie universelle. Dans sa période impressionniste, Renoir fait sienne cette conception française de la nature récréative, milieu délectable ou I âme et les sens s'ébrouent. Peinture de citadins lâches le dimanche a travers les fleuries, l'Impressionnisme exprime ce lyrisme enchanteur par tant de thèmes: régates, canotages, guinguettes, grenouillères, plaisirs de plage, déjeuners sur l herbe. Et ces gares Saint-Lazare de Monet, pendants modernes des Embarquements de Claude. Renoir devait dépasser cet hédonisme et pénétrer plus profondément dans le mystère des affinités universelles. Ce sera la gloire de la période de Cagnes, ou le peintre, rompant délibérément le privilège fragile qu'il conservait Avec l'apparence, s'élance glorieusement, d'un vol d'aigle, en plein mythe.
Tout est association, passage, fusion dans ces couvres, dans toutes les parties desquelles circule un même fluide, ou rien n'est plus séparé de rien. N'est-ce pas le fait de l'amour que de ne plus percevoir les divergences entre les choses, de n’être sensible qu'a ce qui peut les unir, ce qu'elles contiennent en elles de « mutuel », ce qui en chaque forme est vocation pour l'autre? Quel homme assez déshérité n’à point connu ces heures radieuses ou la notion même de différence s'abolit?
Renoir est le peintre de de l'Amour: Fragonard et Rubens. Etreintes amoureuses de canotiers sur les rives aux frais ombrages, association de la nature aux sentiments du Cœur, traditionnelle dans la littérature et l'art français depuis le moyen âge (les troubadours, les themes courtois des fresques et des tapisseries « verdure », Watteau, Lamartine…).
Mais aussi offrande faunesque des femmes-fruits palpitantes du désir du male, a un stade plus élevé encore, pariade universelle de tous les êtres de la nature, confondus dans le flot indivisible de la Vie. Le génie de Renoir est l'Amour, toutes les formes de l'Amour. Il est Cupidon, le fils d'Aphrodite, tendre bourreau de Psyché ; mais aussi l'Eros génésique d´Hésiode, dont la force attractive pousse tous les éléments, tous les êtres à s'unir. Les frimas ne conviennent pas à ses ardeurs. Renoir n'a pas peint de paysage d'hiver ; il ne conçoit la nature qu'estivale ou printanière, a ce moment que célèbre Hésiode « ou la terre se pare de fleurs ; alors Eros abandonne la belle ile de Cythère et s´en va chez les hommes répandre la fécondité sur le sol ».
La peinture de Renoir est le long Exultet de l'âme enfin délivrée des noirceurs du Romantisme. Le drame romantique repose sur une contradiction profonde : l'élan lyrique qui pousse l'homme à répondre aux sollicitations des forces universelles et a s'identifier a elles, le sentiment hypertrophique de la personnalité qui le conduit à se concevoir comme un être unique, identique seulement a lui-même, « imperméable », comme disait Delacroix. A l'âme débordante de richesses sensibles du romantique, tous les sentiments sont permis sauf un seul : la joie. Car celle-ci réside toujours dans la célébration de quelque accord intime ou externe ; mariage heureux de nos facultés une fois réconciliées, épousailles de notre âme et de quelque émissaire du monde. Mais pour le romantique il n'est pas d'accord possible : tourmente du monde, il souffre de sa privation quand il se sent « personnel », obsédé de son moi, il se lamente de ne pouvoir s'abandonner a
L’ivresse tentatrice du monde, torture qu'il est toujours, en présence d'une quelconque perception, par cet acte de différenciation du moi et du non moi, qu'il e sépare irrémédiablement au moment qu’il croit s'unir.
L'homme édénique de Renoir n'a pas gouté à l'amer fruit de la Connaissance. Il ne se connait, ni ne connait. Il vit. La concentration de la conscience n'empêche pas la libre dilatation de son âme, de son cœur et de ses sens. Il ne voit pas dans la nature un univers de formes distinctes, mais un tout dont il ne se sépare pas lui-même.
Le hautain Delacroix traitait la nature comme un « vaste dictionnaire » ; « immense magasin d'observation au service de l´imagination », renchérissait Baudelaire. Et dans le fond, pour Claude Monet, qu'estelle autre chose qu'un répertoire de sensations visuelles ? Renoir ne feuillette pas la nature comme un dictionnaire, il la vit. Il a conservé le sens inné de l'accord naturel, divin entre l'homme et l'univers. Il est de la race de ces hommes « naturels » pour qui il n'y a pas de « problème », pour qui tout est simple parce qu'ils ont conserve l'innocence de la Création. De la race de Corot. Malgré tant de différences d'apparence, le peintre du sentiment et le peintre de la sensation sont des frères spirituels, tous deux dans des modes différents chantres de l'Amour.
Apres un demi-siècle de Romantisme ou l'homme s´était poigne l'âme, tentant d´arrêter en lui le cours de la Vie, de réduire toute la finalité du monde a lui-même, Renoir est la suprême, triomphante revanche de la Vie, pour qui l'individu n'est qu'un éphémère, aussitôt rejeté, a peine a-t.il vécu, dans l'océan des formes consommées, toujours prêtes pour de nouvelles naissances.
AUGUSTE RENOIR 1841-1919 PORTRAIT DE CHOCQUET Peint en 1876
AUGUSTE RENOIR 1841-1919 LE BOUQUET DEVANT LA GLACE Peint en 1876
 
AUGUST RENOIR 1841-1919 LES CONFIDENCES Peint en 1878
AUGUSTE RENOIR 1841-1919 GABRIELE ET JEAN Peint vers 1895
AUGUSTE RENOIR 1841-1919 LES LAVANDIERES Peint en 1913
AUGUSTE RENOIR 1841-1919 FEMME AU CHAPEAU DE PAILLE Peint en 1878
AUGUSTE RENOIR 1841-1919 BAIGNEUSE ENDORMIE Peint en 1897

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