AUGUSTE RENOIR 1841-1919 LES GRANDS BOULEVARDS Peint en 1875 |
RENOIR
ET LE SENTIMENT DE L'UNIVERSEL
ET LE SENTIMENT DE L'UNIVERSEL
Renoir retrouvé les
relations unissaient qui l'homme et la nature au Paradis Terrestre, cette union
sans différence de tous les êtres que ne divisent ni règnes ni règnes ni espèces,
car ils vivent associes sous un même sceptre, celui de l'Amour. Un peintre
français devait chanter cet épithalame de l'homme et du monde dans la pureté de
leur rapport originel. Toujours I´âme française s'set sentie
en accord étroit avec la nature. Au cours d´une séculaire tradition, cette
harmonie s'était manifestée sous une forme humaniste. Il était réserve a Renoir
de la célébrer sur le mode panthéiste. D'Autres avant
lui, Breughel, le Rubens du Steen, Constable avaient senti cette circulation
intense d'un fluide commun a tous les êtres de la
nature ; mais à cette joie toujours se mêlait quelque angoisse, comme un
sentiment d'oppression de cette immensité du monde,
soudain dévoilée, éprouvée intérieurement. Au lieu qu'en Renoir
cette joie s'épanouit sans réserve, totale, innocente et
comme nuptiale.
Entre le Moulin de la
Galette et Jugement de Paris quelle admirable gradation de la joie, ressentie d'abord comme une émotion humaine, devenant peu à peu force créatrice,
grandiose expression de la vie universelle. Dans sa période impressionniste,
Renoir fait sienne cette conception française de la nature récréative, milieu
délectable ou I âme et les sens s'ébrouent. Peinture de
citadins lâches le dimanche a travers les fleuries, l'Impressionnisme
exprime ce lyrisme enchanteur par tant de thèmes: régates, canotages,
guinguettes, grenouillères, plaisirs de plage, déjeuners sur l herbe. Et ces
gares Saint-Lazare de Monet, pendants modernes des Embarquements de Claude.
Renoir devait dépasser cet hédonisme et pénétrer plus profondément dans le
mystère des affinités universelles. Ce sera la gloire de la période de Cagnes, ou le
peintre, rompant délibérément le privilège fragile qu'il conservait Avec
l'apparence, s'élance glorieusement, d'un vol d'aigle, en plein mythe.
Tout est
association, passage, fusion dans ces couvres, dans toutes les parties
desquelles circule un même fluide, ou rien n'est plus séparé
de rien. N'est-ce pas le fait de l'amour que de
ne plus percevoir les divergences entre les choses, de n’être sensible qu'a ce qui
peut les unir, ce qu'elles contiennent en elles de « mutuel », ce qui
en chaque forme est vocation pour l'autre? Quel homme assez déshérité n’à point
connu ces heures radieuses ou la notion même de différence s'abolit?
Renoir est le peintre de de l'Amour: Fragonard et Rubens. Etreintes amoureuses de
canotiers sur les rives aux frais ombrages, association de la nature aux
sentiments du Cœur, traditionnelle dans la littérature et l'art
français depuis le moyen âge (les troubadours, les themes courtois des fresques
et des tapisseries « verdure », Watteau, Lamartine…).
Mais aussi offrande
faunesque des femmes-fruits palpitantes du désir du male, a un stade plus élevé
encore, pariade universelle de tous les êtres de la nature, confondus dans le
flot indivisible de la Vie. Le génie de Renoir est l'Amour,
toutes les formes de l'Amour. Il est Cupidon, le fils d'Aphrodite, tendre bourreau de Psyché ; mais aussi l'Eros génésique d´Hésiode, dont la force attractive pousse
tous les éléments, tous les êtres à s'unir. Les frimas
ne conviennent pas à ses ardeurs. Renoir n'a pas peint
de paysage d'hiver ; il ne conçoit la nature qu'estivale ou printanière, a ce moment que célèbre Hésiode
« ou la terre se pare de fleurs ; alors Eros abandonne la belle ile
de Cythère et s´en va chez les hommes répandre la fécondité sur le sol ».
La peinture de Renoir est
le long Exultet de l'âme enfin délivrée des noirceurs du
Romantisme. Le drame romantique repose sur une contradiction profonde : l'élan lyrique qui pousse l'homme à répondre
aux sollicitations des forces universelles et a s'identifier
a elles, le sentiment hypertrophique de la personnalité qui le conduit à se concevoir
comme un être unique, identique seulement a lui-même, « imperméable »,
comme disait Delacroix. A l'âme débordante de richesses
sensibles du romantique, tous les sentiments sont permis sauf un seul : la
joie. Car celle-ci réside toujours dans la célébration de quelque accord intime
ou externe ; mariage heureux de nos facultés une fois réconciliées,
épousailles de notre âme et de quelque émissaire du monde. Mais pour le
romantique il n'est pas d'accord
possible : tourmente du monde, il souffre de sa privation quand il se sent
« personnel », obsédé de son moi, il se lamente de ne pouvoir s'abandonner a
L’ivresse tentatrice du monde, torture qu'il
est toujours, en présence d'une quelconque perception,
par cet acte de différenciation du moi et du non moi, qu'il e sépare irrémédiablement au moment qu’il
croit s'unir.
L'homme édénique de
Renoir n'a pas gouté à l'amer fruit de la Connaissance. Il ne se connait, ni ne
connait. Il vit. La concentration de la conscience n'empêche pas la libre
dilatation de son âme, de son cœur et de ses sens. Il ne voit pas dans la
nature un univers de formes distinctes, mais un tout dont il ne se sépare pas
lui-même.
Le hautain Delacroix
traitait la nature comme un « vaste dictionnaire » ; « immense magasin
d'observation au service de l´imagination », renchérissait Baudelaire. Et dans
le fond, pour Claude Monet, qu'estelle autre chose qu'un répertoire de
sensations visuelles ? Renoir ne feuillette pas la nature comme un
dictionnaire, il la vit. Il a conservé le sens inné de l'accord naturel, divin
entre l'homme et l'univers. Il est de la race de ces hommes « naturels »
pour qui il n'y a pas de « problème », pour qui tout est simple parce
qu'ils ont conserve l'innocence de la Création. De la race de Corot. Malgré tant
de différences d'apparence, le peintre du sentiment et le peintre de la
sensation sont des frères spirituels, tous deux dans des modes différents
chantres de l'Amour.
Apres un demi-siècle de
Romantisme ou l'homme s´était poigne l'âme, tentant d´arrêter en lui le cours
de la Vie, de réduire toute la finalité du monde a lui-même, Renoir est la suprême,
triomphante revanche de la Vie, pour qui l'individu n'est qu'un éphémère, aussitôt
rejeté, a peine a-t.il vécu, dans l'océan des formes consommées, toujours prêtes
pour de nouvelles naissances.
AUGUSTE RENOIR 1841-1919 PORTRAIT DE CHOCQUET Peint en 1876 |
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AUGUSTE RENOIR 1841-1919 BAIGNEUSE ENDORMIE Peint en 1897 |
TOUS DROITS RÉSERVÉS POUR PAYS,
Y COMPRIS L´ U. R. S. S.
IMPRIMÉ EN SUISSE
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